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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Une année de guerre et de tension entre clans Yakuza au Japon partie 3

Publié par Desmoulins sur 31 Octobre 2016, 15:20pm

Catégories : #Yakuza

Début novembre, la police de Tokyo perquisitionne le siège du clan Kodo-kai à Nagoya. 3 personnes sont arrêtées, dont un membre du clan, Hajime Kamiya, 37 ans. Il est accusé d'avoir racketté un homme dans un bar de Tokyo en août dernier. C'est la première fois que le Kodo-kai, principal clan de la fédération Yamaguchi-gumi, est ciblé par une opération policière depuis la scission.

Yakuza (source daily beast)

Yakuza (source daily beast)

Le jeu des alliances bat son plein ces dernières semaines, chaque fédération tente de rallier les indécis à leur cause. Ainsi la tension emplissait l'air dans du quartier Roppongi de Tokyo fin septembre quand Teruaki Takeuchi du Yamaguchi-gumi, a émergé d'un véhicule lourdement gardé et est entré au QG du Inagawa-kai.
Depuis deux décennies, les deux gangs ont maintenu des relations cordiales. Maintenant, après la tourmente au sein du Yamaguchi-gumi, on dit que ces liens pourraient se fragiliser.
Le 15 septembre, les cadres de l'Inagawa-kai avaient visité le siège du Kobe Yamaguchi-gumi selon un journaliste. «Le message était:« C'est une relation qui ne changera pas à l'avenir. Cette visite (à Tokyo) était un retour de faveur.»
Dès l'excommunication des 13 gangs sécessionnistes, le Kobe Yamaguchi-gumi avait commencé à chercher des partenaires. Hideyuki Kato, un grand patron du Sumiyoshi-kai, (deuxième plus grand syndicat du crime du Japon), avait visité le siège du Yamaken-gumi, le 5 septembre.


Depuis la scission, un membre d'une filiale du Yamaguchi-gumi dit que des inquiétudes similaires existaient alors qu'il était en prison.
«A partir du moment de la scission, la prison a été séparé entre les membres du Yamaguchi-gumi et ceux du Kobe Yamaguchi-gumi», dit le gangster, qui a été libéré dans le milieu de septembre. «Si les combats avaient éclaté, il y aurait eu un gros problème».
Selon lui quelques membres du Kobe Yamaguchi-gumi envisageraient déjà un changement d'allégeance.
«Pour ces gars-là, c'est une existence désolée», poursuit le gangster «et les perspectives de succès du Kobe Yamaguchi-gumi semble faible. J'ai eu des gars me demandant que je regarde pour eux.»
Mais pour beaucoup de gangsters en prison (et il y en a environ 6 000 actuellement incarcérés au Japon), l'appartenance à un gang particulier peut ne pas être significative à la fin.
«Pour un gangster qui a été libéré après avoir purgé une peine de longue durée, il est juste devenu un vieil homme», dit le journaliste précité. «Le poids qu'il a pu avoir eu dans le monde yakuza aura changé».


Le 15 novembre, le corps de Tatsuyuki Hishida, 59 ans, a été retrouvé dans l'entrée de son domicile de Yokkaichi (sud-ouest de Nagoya). Attaché par les mains et les pieds, Hishida a été battu à mort. Il était le boss du clan Aio-kai, affilié au Yamaguchi-gumi. Pour les enquêteurs, ce meurtre serait lié au conflit entre le Yamaguchi-gumi et le Kobe Yamaguchi-gumi.

Shibonu Tsukasa, kumicho du Yamaguchi-gumi (source dozodomo)

Shibonu Tsukasa, kumicho du Yamaguchi-gumi (source dozodomo)

Et le kumicho (boss suprême) du Yamaguchi-gumi alors ? Il est où ? Et bien début décembre, Shinobu Tsukasa, 73 ans, plus connu sous le nom de Kenichi Shinoda, effectue sa première sortie publique depuis la scission. Le parrain s'est rendu au cimetière Nagamine Reien de Kobe pour se recueillir devant la tombe de son prédécesseur Yoshinori Watanabe, décédé le 1er décembre 2012. Watanabe a été le 5ème kumicho de l'organisation mafieuse, entre 1989 et 2005. Shinoda était accompagné de plusieurs cadres yakuzas, notamment Hirofumi Hashimoto (Boss du clan Kyokushin Rengo, affilié au Yamaguchi-gumi) et Teruaki Takeuchi (boss du Kodo-kai, autre clan affillié).


Mais le lendemain de cette sortie, coup de tonnerre, ce même Hirofumi Hashimoto, 68 ans, le numéro 3 du Yamaguchi-gumi est annoncé partant du YG pour rejoindre le Kobe Yamaguchi-gumi. Les observateurs avaient bien remarqué que lors de la visite du cimetière, Hashimoto n'est pas revenu avec les autres à leur camp à Nada. Le lendemain il y a eu une réunion d'urgence où Hashimoto était absent. Le départ du boss devrait entraîner celle de son clan en entier.

Hirofumi Hashimoto (Boss du clan Kyokushin Rengo (source nikkan-gendai)Hirofumi Hashimoto (Boss du clan Kyokushin Rengo (source nikkan-gendai)

Hirofumi Hashimoto (Boss du clan Kyokushin Rengo (source nikkan-gendai)

Mi-décembre, 110 policiers de la Préfecture de Hyogo ont mené des raids contre des bureaux appartenant au clan Yamaken-gumi et à son rival du Takenaka-gumi dans le cadre de l'enquête sur des perturbations de circulation. Le 8 décembre dernier, entre 17h25 et 18h10, une trentaine de membres du Yamaken-gumi avait bloqué la circulation dans le quartier d'Uomachi. Ils voulaient perturber un dîner qui se tenait au même moment dans de quartier entre Teruaki Takeichi, boss du clan Kodo-kai, et des membres du clan Takenaka-gumi. 
Les perspectives 2016 semblent bien sombres au sein des Yakuza. Pour preuve, les autorités de la Préfecture de Fukuoka (sud-ouest du Japon) ont enregistré un record de 127 yakuzas ayant officiellement quitté leurs organisations en 2015, contre 65 en 2014. Ces départs s’expliqueraient par un mécontentement général vis-à-vis de leurs gangs, des difficultés financières et des pressions de leurs familles. Les arrestations en 2014 des principaux chefs du Kudo-kai (principal gang de la région, basé à Kitakyushu) a aussi déstabilisé et fragilisé ce gang dont sont issus 49 des 127 yakuzas ayant «abandonné» la vie mafieuse selon eux. 


Mi janvier les premiers chiffres tombent, le Yamaguchi-gumi, a connu une forte baisse du nombre de ses membres. Fin 2014, la police japonaise estimait leur nombre à 10 300 mais fin 2015, cette estimation passait à près de 6 000. Cette baisse est évidemment due à la scission. Le Kobe Yamaguchi-gumi  lui aurait un nombre de membres estimés à 2 800. Mais même si on additionne les 2 organisations (Yamaguchi-gumi et Kobe Yamaguchi-gumi), le nombre de membres est largement inférieur à 10 000 personnes (sans compter «les associés»), un chiffre historiquement bas.
Personnellement, je pense qu'il ne faudrait pas interpréter ces départs comme des «abandons de vie criminelle». En effet, nombreux sont les yakuza qui quittent leurs organisations mais continuent de graviter autour. Il faut savoir que la pression pesant sur les «yakuzas enregistrés» est si forte et contraignante au quotidien (pour obtenir des prêts, acheter une voiture, ect...) que certains préfèrent officiellement quitter les organisations afin d'y gagner un peu de liberté de mouvement tout en continuant à officier dans la criminalité.Avec la nouvelle législation anti-yakuza adoptée en octobre 2011 (qui interdit notamment aux yakuzas de faire affaire avec des citoyens «normaux») le mode de fonctionnement des Yakuza est en train de muter radicalement mais la baisse du nombre de mafieux ne signifient pas une baisse du nombres de criminels pour autant ou d'une baisse de la criminalité en général.

 

Ce début d'année 2016 va voir les tensions s'amplifier et les attaques se multiplier.

 

Le 10 janvier, un cocktail Molotov a légèrement endommagé les locaux du clan Ichido-kai (affilié au Yamaguchi-gumi, principale fédération de clans yakuzas) à Fukuoka. Cette attaque est intervenue 4 heures après l’agression d’un ancien membre du clan à Asakura. Cet homme, âgé d’une vingtaine d’années, avait quitté l’Ichido-kai pour rejoindre la fédération Kobe Yamaguchi-gumi. La police pense donc que le jet de cocktail Molotov était un acte de représailles. 
Le 23 février, à Tsuruga (Préfecture de Fukui), la police a interpellé Toshiyuki Yamamoto, 38 ans, affilié au Yamaguchi-gumi. Il est accusé d’avoir tiré 5 coups de feu en direction des bureaux du clan Masaki-gumi. Il n’y a pas eu de blessé. Le Masaki-gumi est affilié au Kobe Yamaguchi-gumi. 

Une année de guerre et de tension entre clans Yakuza au Japon partie 3

Fin février, les chiffres officiels des autorités pour 2015 sont communiqués aux médias.
En 2015, la police japonaise a enregistré une 6ème baisse consécutive du nombre de yakuzas, qui passent pour la première fois sous la barre des 50 000 membres : 46 900 membres et associés, soit 12% de moins qu’en 2014 (20 100 membres, soit moins 2 200, et 26 800 associés, soit moins 4 400).
La principale fédération mafieuse du Japon reste le Yamaguchi-gumi avec environ 14 100 membres et associés (soit une baisse de près de 40% par rapport à 2014). Le Kobe Yamaguchi-gumi qui compte désormais 22 clans affiliés, soit 6 100 membres et associés est donc la 3ème fédération en terme de nombres, et ce en moins de 6 mois, une belle prouesse. Le Sumiyoshi-kai compterait lui 7 300 membres et associés et l’Inagawa-kai, 5 800 membres et associés.

Par ailleurs, le nombre de groupes bosozoku est estimé à 277 (contre 298 en 2014), pour 6 731 membres (contre 6 830 en 2014).  


Les gangs bosozoku sont depuis longtemps dans le collimateur de la police et ils sont même considérés depuis quelques années comme  des «pseudos Yakuza». En 2009, près de 35% des membres de ces groupes étaient liés au crime organisé et 17% payaient une «protection» aux yakuzas. 2 gangs sont particulièrement visé, le «Kanto Rengo» et le «Dragon» (ce dernier composé de japonais d'origine chinoise). Cette alliance de circonstances entre yakuza et bosozoku a permis le développement des gang «han-gure», des bandes moins organisées composées d'anciens membres bosozoku et qui sont utilisés par les yakuza comme force de frappe car ces gangs ne sont pas encore  considérés comme «groupes violents» ou «anti-social» comme les Yakuza. On a même déjà vu des Bosozoku devenir membre d'un clan Yakuza et à fortiori la plupart étant chinois ou coréens, adhérer à un clan est d'autant plus inimaginable, et pourtant. Autre évolution à noter, le désir de plus en plus grand des plus jeunes mafieux de partir à l'étranger pour y mener leurs activités criminelles (principalement en Thaïlande, Chine, Vietnam...). Malgré le succès souvent au rendez-vous, les vieux Yakuza réprouvent ces pratiques et promette souvent une punition exemplaire aux candidats au départ vers l'étranger. De même l'alliance entre Bosozoku et Yakuza est très mal vu par cette même vieille garde mafieuse arguant du fait que c'est contraire à l'éthique du Yakuza. Mais les plus jeunes (qui sont très peu nombreux nonobstant) eux ont moins d'état d'âme à s'adapter.

 

Toujours à la même période, la police de Tokyo soupçonne que la vendetta entre groupes criminels soit derrière une série d'incidents, dont une fusillade, qui a eu lieu dans la région du Kanto.
Vers 17h30, une patrouille de police a découvert une porte fracassée dans un bureau d'une organisation de troisième niveau du Yamaguchi-gumi dans la zone Tsumadahigashi de Atsugi City, Préfecture de Kanagawa.
Un camion de deux tonnes qui avait été rapporté volé a été retrouvé abandonné à environ 400 mètres du bureau. Une vérification des images de la caméra de sécurité a montré le camion en train de foncer dans la porte deux heures avant la découverte du dommage.
Vers 21h30, la police de Saitama a reçu une alerte pour une fusillade contre la maison d'un membre de niveau supérieur du Kobe Yamaguchi-gumi de 67 ans à Yashio City. Deux trous de balles ont été trouvés dans un mur du deuxième étage.
Juste avant minuit, un membre du Kobe Yamaguchi-gumi a été pris en embuscade et battu par plusieurs hommes sur le terrain d'un complexe d'appartements dans la zone Hanahata de Adachi de Tokyo, provoquant 2 mois d'ITT.
Personne n'a été blessé dans l'incident à Saitama et Kanagawa.
A Toyama, la police enquête sur une tentative d'incendie criminel qui a visé le QG d'un clan affilié au Yamaguchi-gumi.
Vers 02h40 lundi, la police a reçu un rapport sur plusieurs cocktails Molotov qui avaient été jeté dans le bureau du Takada-gumi, qui est situé dans la région de Taya.
Aucun dommage ou blessure majeure n'a été signalée.
Juste après l'incident, des témoins ont observé des personnes fuyant la scène en voiture.
À la fin de l'année dernière, il y avait 10 groupes criminels organisés avec 310 membres dans la préfecture de Toyama.

 

(Source : Mainichi, Tokyo Reporter)

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