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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Il Principe Giannini, le prix de la gagne.

Publié par Desmoulins sur 14 Décembre 2016, 14:56pm

Catégories : #Outsider

En janvier 2014, une opération coordonnée de la police italienne, de la Guardia di Finanza et des carabiniers a ciblé le clan Contini de la Camorra. 90 personnes sont arrêtées en Campanie, à Rome et en Toscane. Les autorités s’appuient sur les déclarations de 10 repentis lors de cette opération contre les Contini. Un clan est basé dans le quartier Arenaccia à Naples. Parmi les personnes arrêtées figurent les 2 chefs du clan : Edoardo Contini, 58 ans et déjà incarcéré, ainsi que son beau-frère Patrizio Bosti, 49 ans. Un fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur fait également partie des personnes interpellées tout comme Giuseppe Giannini, 50 ans, l’ancien numéro 10 et capitaine de la Roma, idole des tifosi Giallorossi. Il est accusé de fraude sportive avec circonstance aggravante par méthode mafieuse.

Le clan avait passé un accord avec la « Bande de la Magliana » (pègre romaine) pour investir à Rome l’argent issu du trafic de drogue et de la contrefaçon. L’enquête concerne aussi un match truqué qui a profité (promotion en série B) au club de foot de Gallipoli (Pouilles), dans lequel le clan Contini aurait mis des billes. Au cours de l’opération, un entrepreneur de 43 ans, originaire de Campanie, s’est suicidé en se jetant du 4e étage d’un immeuble de Rome alors que des policiers étaient venus le coffrer. Gallipoli était à l’époque entraîné par Giannini. Les faits litigieux remontent à la saison de football 2008/2009 en Lega Pro, Groupe B.

l'arrestation Edoardo Contini

l'arrestation Edoardo Contini

Mais qui es tu Giuseppe Giannini ?

Giuseppe est un Romain pur jus. Il est né à Rome le 20 août 1964, dans le quartier Africano où son père possédait un bar. Lorsqu’il a seulement trois ans, sa famille déménage à Marino, à 20 km de la Ville Eternelle. La famille s’installe alors dans le quartier Frattocchie. Ici, le gamin commence à taquiner le cuir dans l’équipe de la Paroisse San Giuseppe de Frattochie puis celle de Santa Maria Delle Molle. Avant d’atterrir à l’ALMAS Roma, Giuseppe rejoint les rangs de Via Demetriade dans le quartier Appio Tuscolano. À l’époque, l’équipe évolue en Serie C2 (équivalent de la CFA). Il y joue deux ans, de 1978 à 1980. Repéré par la Roma, Giannini y signe à 16 ans. Alors seulement membre des équipes de jeunes, il joue son premier match avec les pros en 1982, son seul de la saison. La stagione suivante, le Romain ne joue aucune rencontre, tandis que la Roma est championne d’Italie (1er titre depuis 1942). La suite n’est guère meilleure. En 1983/84, il participe à 5 rencontres dont 3 en Coppa Italia. La Roma gagne la Coupe d’Italie. Néanmoins, Giannini remporte le championnat de la Primaverra.

La saison 84/85 voit l’avènement de Giannini. Nils Liedholm — coach suédois légendaire du club et figure mythique de l’AC Milan — en fait un titulaire à part entière. Giannini joue 26 matchs et inscrit 4 buts. La légende est en marche. Le milieu de terrain Odoacre Chierico — coéquipier de 1981 à 1985 — le surnomme « Principe » (le Prince). Un sobriquet qui le suit tout au long de sa vie. Entre 1984 et 1986, il connaît aussi 16 sélections avec les Espoirs italiens. Les années 80 et début 90 sont fastes pour la Roma de Conti et Giannini : deux coupes d’Italie, des championnats de haute volée. Il succède à Carlo Ancelotti comme capitaine de la Louve en 1987 et le reste jusqu’en 1996. Ce’est le plus long capitanat après Francesco Totti. Symbolique ! Il est appelé pour la 1re fois en sélection italienne et joue son 1er match le 12 juin 1986 contre Malte. En tout, il sera sélectionné 47 fois pour 6 buts. La Roma joue même une finale de coupe UEFA en 1991. Malheureusement pour Giuseppe, son équipe s’incline contre l’Inter de Mathaüs et Klinsmann (2-1 sur l’ensemble des deux matches).

Giuseppe Giannini

Giuseppe Giannini

En 1993, lors des finales aller-retour de la Coupe d’Italie contre le Torino, il inscrit 3 buts (sur pénalty) lors du match retour pour une victoire 5-2. Mais, le Torino de Enzo Scifo l’avait emporté 3-0 chez lui et la Roma perd la finale avec la règle des buts inscrits à l’extérieur. Seul un joueur avant lui avait aussi réussi à mettre 3 buts dans une finale de coupe : le champion olympique 1968 Angelo Domenghini, en 1963, avec l’Atalanta contre… le Torino.

L’histoire d’amour entre Giannini et la Roma prend un coup dans l’aile un soir de derby contre la Lazio, le 6 mars 1994. La Roma va mal : 6 nuls et 3 défaites sur les 9 derniers matches. La dernière victoire remonte au 12 décembre 1993 contre Piacenza (3-1). Ces résultats ont plongé le club dans une semi-crise, le derby arrive à point. L’entraineur giallorosso — Carlo Mazzone — le sait : il doit gagner pour éviter l’ire du bouillant président Franco Sensi, en poste depuis 1993 comme Mazzone. Seulement, la Lazio remporte le match (1-0). Pire, Giannini rate un pénalty. Sensi est furibard et comme à l’accoutumée, il tire à boulets rouges sur ses joueurs, et surtout sur le capitano. Il ose même dire que celui-ci ne doit plus faire partie de la Roma ! Ces déclarations provoquent aussi la rupture entre certains tifosi et Giuseppe. Cette saison-là, la Lazio de Beppe Signori finit devant la Roma. Giannini — malgré des relations difficiles avec Sensi — reste deux saisons de plus malgré tout. En 1996, il signe au Sturm Graz puis revient l’année d’après en Italie, au Napoli avant de débarquer à Lecce dans les Pouilles, où il prend sa retraite en 1999.

Giannini la lose

En 2004/2005, il connaît sa première expérience en tant que coach à Foggia. Il ne finit même pas la saison et est remplacé par Massimo Morgia. Il pose ses valises à la Sambenedettese en cours de saison (le club connait d’importants soucis structurels, sportifs et financiers) en même temps que son ex-coéquipier Pruzzo, vice-président. 13 joueurs arrivent au mercato d’hiver. L’équipe aligne une série catastrophique de 15 matches sans victoire. Giannini est viré. Il enchaîne avec Arges Pitesti et Massese où il est à chaque fois remercié. Il arrive enfin à Gallipoli. Il y retrouve deux anciens coéquipiers de la Roma : Giovanni Cervone et Roberto Corti. Et là, comme par magie, ça marche ! Le club atteint la Serie B, un exploit pour le club salentino. On y reviendra. Mais un mois plus tard, Giannini et Vincenzo Barba, le président du club, se séparent d’un commun accord suite à une crise qui touche l’actionnaire du club. Mais en août, revirement : le club change de propriétaire et Giannini est réembauché. La saison est houleuse : il démissionne deux fois et organise une conférence de presse afin de dénoncer la crise économique du club. Lors de la saison 2009-2010, Gallipoli finit dernier de Serie B et Gallipoli en faillite, avec près de 5 millions d’euros de dette.

Giannini lorsqu'il était coach d Gallipoli

Giannini lorsqu'il était coach d Gallipoli

Le 24 juin 2010, il devient entraîneur de l’Hellas Vérone. Il est limogé en novembre pour cause de mauvais résultats. C’est ensuite Grosetto où il remplace un ancien coéquipier de la… Roma, Guido Ugoletti. Mais là encore, c’est le clash ! Il démissionne rapidement en critiquant son président. Le 28 juin 2013, il est nommé sélectionneur du Liban. Il est encore en poste quand on apprend qu’il fait l’objet d’une enquête en janvier 2014 pour fraude sportive et association mafieuse. Le clan Contini tombe, les ex-proprios de Gallipoli aussi, et tout le monde autour d’eux est pris dans l’avalanche.

Les enquêteurs affirment que Righi est parvenu à ses fins grâce à une entente conclue avec Giannini et le directeur sportif de l’équipe des Pouilles – Luigi Dimitri – dont le cas est également étudié. L’accord, selon l’acte d’accusation, porte sur la livraison de 500 000 euros pour les joueurs de Marcianise. 500 000 euros, tel est le prix de la défaite pour Marcianise. Giannini a connu la gloire avec la Roma et n’a connu que l’échec loin de sa « maison ». Son seul succès est marqué par l’opprobre de la tricherie.

500 000 euros, tel est le prix demandé par Giannini pour gagner. Pour enfin retrouver sa gloire d’antan. Il Principe est déchu.

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