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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Gangs de bikers, l'heure est au changement. Partie 3

Publié par Desmoulins sur 20 Avril 2019, 18:36pm

Catégories : #Biker, #France, #crime organisé, #Criminalité, #MC, #Fédération

En France, le mouvement biker a toujours été un épiphénomène, fruit certes de quelques querelles dont une très sérieuse dans les années 90 entre Hells et Bandidos mais elle n'a jamais été une terre de motards. Pourtant depuis quelques années la multiplication d'implantations de «chapitre» sur le territoire interpelle.

En fin d'année 2017 le Sirasco (Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée), a publié son rapport annuel et a consacré une large place à ces MC composés d'individus «très disciplinés, organisés, solidaires. Qui se dévouent corps et âme pour le gang. Un engagement total. Constamment sur le pied de guerre. Ils n’ont pas le droit de montrer le moindre signe de faiblesse . Au risque d’être viré». 
(Extrait article Ouest France
)

Europe 1

Europe 1

Les clubs de bikers avaient toujours eu droit à une note dans ce fameux rapport mais cette année, c'est comme une sonnette d'alarme qui est tiré.
Les Hells, au même titre que leurs rivaux, les Bandidos et les Outlaws, sont en effet assimilés par les autorités à des «groupes de motards criminalisés». 
Eh oui ils font parti des fameux 1% mais on est vite déçu par l'état des leiux établi par ce rapport qui finalement semble peu détaillé.
Un petit rappel historique
«Le premier club français des Hells s'installe à Paris en 1981 (ils sont 8 aujourd'hui). Les Bandidos (12 chapitres) débarquent à Marseille huit ans plus tard (ça omet de dire qu'ils ont été préalablement chassé de Paris par les Hells). Ces motards, forcément masculins, se réunissent en petites structures associatives, au sein desquelles la répartition des rôles apparaît bien huilée : « président, vice-président, sergent d'armes (responsable de la discipline interne), "road captain" » (capitaine de route)».

Cité par Le Parisien la commissaire Cécile Augeraud chef du Sirasco donne un peu plus de détails.
«Leur implantation géographique répond à des motifs stratégiques de maîtrise d'un territoire. En France, contrairement à d'autres pays, ils conservent un fonctionnement très orthodoxe dans leur recrutement, ce processus d'adoubement limitant les risques d'infiltration. Pendant deux ans, le candidat gravite en marge du chapitre. Il est alors en phase d'observation dans laquelle on teste sa disponibilité, qu'il s'agisse par exemple de transporter une arme ou de voler une moto.» 
On va s'arrêter là dans la citation. Bizarrement on ne fait pas mention de la quantité de nouveaux MC qui sont apparus en France et ses Dom Tom. 
Les activités des bikers français sont encore effectivement très classiques, sécurité dans les concerts ou festivals, magasins de tatouages, trafic d'armes et de drogues, et racket quelque fois là où leurs homologues européens ont l'a vu sont déjà passé à un autre niveau d'organisation criminelle. 
Les analystes du Sirasco ont alerté les enquêteurs de terrain sur l'importance des objets trouvés en perquisition, certains d'entre eux montrant le niveau de responsabilité au sein de l'organisation. Comme ce marteau destiné à écraser les têtes de vis, baptisé « ball-peen hammer ». Le simple fait de la poser sur la table lors d'une rencontre représente «une menace implicite».

Mais si les « gangs de motards » représentent une telle menace pourquoi ne pas les interdire ? « Impossible de le faire sans toucher au statut des associations loi 1901 », répond-on du côté du ministère de l'Intérieur. Du côté des Hells Angels de Paris, on indique avoir fait depuis longtemps le choix « de ne plus parler du club aux médias, [leurs] propos étant toujours déformés ». « Nous sommes un club de motards et le revendiquons. Et, en aucun cas, un gang criminel ! » fait-on valoir. (Extrait Le Parisien 28 novembre 2017) ( http://www.lefigaro.fr/culture/2017/05/27/03004-20170527ARTFIG00070-les-hells-angels-debarquent-a-paris.php)

Ralph "Sonny" Barger fondateur des Hells de passage à Paris en mai 2017 (Le Figaro)

Ralph "Sonny" Barger fondateur des Hells de passage à Paris en mai 2017 (Le Figaro)

Le 8 mai 2011, trois membres du chapitre Hells Angels de Colmar, dont le Président, ont été interpellés et incarcérés pour avoir racketté l’organisateur du «Salon de la Moto». Ce dernier avait organisé l’événement sans en référer aux Hells Angels locaux. Un mois plus tard, la police judiciaire de Montpellier intervient contre le chapitre Hells Angels de Nîmes, en procédant à une demi-douzaine d’interpellations (dont le Président et le Vice-Président du chapitre) et à la perquisition du siège du club à Marguerittes (près de Nîmes). Plusieurs armes de poing, un fusil à pompe, un gilet pare-balles, 30.000 euros en liquide, et une centaine de grammes de cocaïne ont été saisis. 7 Harley-Davidson, appartenant au club, ont été également saisis pour vérifications. L’opération a été déclenchée dans le cadre d’une enquête sur des affaires de rackets sur des tatoueurs de la région, à raison de 500 à 1.000 euros par mois.
Le chapitre de Nîmes a été créé en 2006 sur la base du club des «Crazy Jokers».
En juillet ce sont 3 membres du chapitre Nîmes des Hells (dont son Sergent d'Armes) qui tombent pour extorsion de fonds en bande organisée. 
En février 2012, deux gangs de motards s'opposent violemment à Quimper, où se trouve le club-house (QG) du chapitre «South Brittany» des Outlaws. Dans la nuit du 23 au 24 février dernier, des coups de feu ont été tirés contre le local des Outlaws. Ceux-ci ont alors installé un rideau de fer blindé et des caméras de surveillance. Le 4 mars, il y a une autre confrontation entre des Outlaws et des «Celtes Riders» (un club de motards officiellement «support Hells Angels») à la gare de Quimper.

Les tensions se multiplient

Le 9 mars, plusieurs membres des «Celtes Riders», équipés d’armes blanches ont fait une «descente» au club des Outlaws et ont saccagé une Harley-Davidson garée devant. Plusieurs membres des deux clubs ont été arrêtés, notamment le Président du chapitre «South Britany», en possession d’une arme à feu.
Cet épisode intervient dans une période de tensions entre Hells Angels et Outlaws en France, et plus spécifiquement en Bretagne où cohabitent le chapitre «Bretagne» des Hells Angels (basé près de Saint-Brieuc) et le chapitre «South Britanny» des Outlaws, à Quimper. Depuis l'affaire, le club des «Celte Riders» s'est auto-dissout. 
En septembre 2012, la Cour d’Assises de Valence (Drôme) commence le procès d’Honoré Zanchi, 50 ans. Il est accusé des meurtres de 3 personnes liées au monde des bikers : Gérald Crouzet (abattu en mai 2008), Michel Di Bacco (abattu en juillet 2008) et Marc Népote-Cit (disparu en mars 2009 et dont le corps a été retrouvé en avril 2009).
Pour les enquêteurs, Zanchi a voulu venger la mort de son ami d’enfance, Jean-François André, dit «La Pie» président du club de motards «MC Drôme», devenu en juillet 2003 chapitre prospect Outlaw, abattu en août 2003. Un rapprochement qui a étonné dans le milieu car selon les observateurs à l'époque le MC Drôme est bien plus proche des Hells Angels. 
Zanchi, sorti de prison en avril 2008, soupçonne en effet Michel Di Bacco et ses amis Crouzet et Népote-Cit d’avoir éliminé André en août 2003, alors qu’ils étaient tous associés dans des affaires de machines à sous, de stupéfiants, de proxénétisme ou encore de pièces détachées volées dans le cadre du club de motards «MC Drôme», devenu chapitre prospect Outlaws-Lyon.
Zanchi avait été condamné à 10 ans de prison pour un homicide datant de 1992, puis il a été condamné à 3 ans de prison pour une affaire de détention d’armes à Valence et enfin une affaire de cambriolage pour laquelle il est sorti en avril 2008. Il a été arrêté en avril 2009. Il est condamné à perpétuité et sa peine est réduite à 30 ans en appel en 2014. (France Bleu - Dauphiné Libéré)

Assassinat de Michel Di Bacco (Le Dauphine Libéré)

Assassinat de Michel Di Bacco (Le Dauphine Libéré)

Fin janvier 2013, après plusieurs mois d’enquête, la police de Bordeaux mène une opération contre les Hells Angels, en procédant à une quinzaine d’interpellations à Bordeaux, Paris et Orléans. L’enquête a été ouverte pour trafic de cocaïne et de cannabis, extorsion en bande organisée, vol en bande organisée, incendie volontaire et détention d’armes. L’enquête porte également sur la violente agression d’un membre des Outcasts (club local de Bordeaux) en novembre dernier à Créon (région bordelaise). Parmi les personnes interpellées figurent un ancien membre des Outcasts, devenu Hells Angels, ainsi qu’un officier du chapitre de Paris, ancien membre du chapitre de Toulouse, (aujourd’hui disparu). Ce dernier, déjà connu pour des affaires de violences, avait été arrêté en février 2005 à Dax, alors qu’il revenait d’Espagne avec 500 grammes de cocaïne. (Sud-Ouest) En août 2013, la police saisissait une quinzaine de carabines, pistolets-mitrailleurs et armes de poing, chez au domicile du Président des Bandidos, cette fois, après des échanges de tirs à Dijon.
Ancien militaire, ancien skinhead, M.J., a été le fondateur du club «Official Mercenary», devenu club hangaround des Bandidos en avril 2008 puis chapitre probationnary en juillet 2009, avant de devenir chapitre à part entière. Il avait été condamné en novembre 2002 à 8 ans de prison pour homicide involontaire suite à une fusillade contre le bar «le Mosquito» à Dijon (un consommateur tué) le 22 février 1993. Le même soir, la même équipe avait également tiré sur un foyer d’immigrés. (Bien Public)

Trafic d'armes

Le 7 mars 2014 à Reims, 3 hommes, connus pour trafic de stupéfiants, sont interpellés dans un véhicule dans lequel on retrouve un pistolet mitrailleur uzi dans le coffre. 
Les enquêteurs évoquent un échange d'armes contre stupéfiants, en lien avec un quartier sensible de Reims, la Croix-Rouge. Le fournisseur de l'arme a été identifié : il s'agit du gérant d'un salon de tatouage à Reims. L'analyse des comptes permet de constater que 50% des revenus de ce salon sont prélevés par un certain G. Z., 42 ans, Sergent d'Armes du chapitre Nomads des Hells Angels. Proche de l'extrême droite, ancien militaire dans les parachutistes, Il a participé au coup d’État du mercenaire Bob Denard aux Comores en 1995.
Le SRPJ de Reims mène d'abord le 30 septembre une opération contre la branche stupéfiants à la Croix-Rouge, interpellant 5 personnes. Le 7 octobre, c'est la branche armes qui est visée. Assistés par le RAID, les enquêteurs arrêtent 3 personnes : les deux personnes incriminés plus haut et un autre tatoueur basé à Creil, par ailleurs prospect chez les Nomads sont interpellés. Des armes blanches, des armes de poing, des armes de chasse, des munitions, un drapeau nazi (trouvé chez Z.), du cannabis et plusieurs milliers d'euros en liquide ont été saisis.
Le 30 juin 2015, le Tribunal rend son verdict : Z. est condamné à 3 ans ferme, le gérant à 2 ans ferme et le tatoueur de Creil à 1 an ferme et les 3 acheteurs à des peines entre 12 et 30 mois fermes. (L'Union)

(L'hebdo du Vendredi)

(L'hebdo du Vendredi)

En juin 2015, 24 perquisitions sont menées à Lille, Douai, Lens et Calais permettant d'interpeller 15 membres ou proches du club de motards «Chosen Few» (un membre a été arrêté en Belgique). Créé en 1988, ce club, proche mais non affilié aux Hells Angels, dispose de 2 chapitres à Lille (sur la péniche Maude) et à Calais. De l'argent liquide, des armes à feu, des stupéfiants (notamment du speed et de l'herbe de cannabis), des véhicules volés et des motos ont été saisis. Une plantation de cannabis a été découverte. L'enquête avait commencé en novembre 2013 avec l'interpellation à Hazebrouck de 3 membres des Chosen Few pour tentative de vol aggravé d'une moto. L'enquête a établie que ce club se livrait à des vols de motos, à des cultures de cannabis et à l'importation de stupéfiants d'Espagne et de Belgique.
11 personnes ont été mises en examen et 8 ont été écrouées. Les enquêteurs ont saisi des insignes néo-nazis, 27 armes, 22 motos, 6 véhicules, 600 grammes d’herbe, 121 pieds de cannabis, 48.000 euros en liquide et 800 grammes d’amphétamine. La péniche servant de club-house au club a été confisquée. En août 2015 c'est un membre des Hells Bretagne qui est contrôlé avec 80 grammes de cocaïne sur lui dans la banlieue de Nantes.
En novembre 2015, dix membres des Hells sont jugés à Bordeaux, soupçonnés de l'incendie d'un magasin concurrent de motos à Biscarrosse (Landes) et parallèlement, d'avoir alimenté un trafic de cocaïne et de motos volées. (
Crimorg.com)

bad standing

Le Tribunal Correctionnel de Nancy juge 4 Hells Angels du chapitre de Colmar en octobre 2017. 3 ans auparavant, la police avait installé des micros dans le club-house de Colmar dans une affaire de stupéfiants. Les enquêteurs constatent alors un projet d’expédition punitive contre l’ancien Président du chapitre, exclu en bad standing («mauvaise relation»), officiellement pour avoir frappé sa compagne. Avec son exclusion, il aurait dû effacer ses tatouages Hells Angels et rembourser une somme de 22.000 euros à ses anciens «frères». Les 4 hommes auraient donc envisagé de monter une expédition contre lui, ou de confier la mission à «deux libanais». Le Tribunal les a condamné à un an de prison ferme. 
Décembre 2017, les gendarmes de la Section de Recherches de Nantes interpelle 5 membres ou proches des Hells Angels, chapitre Bretagne, soupçonnés d’avoir extorqué une voiture de luxe, de type Mercedes AMG. Un gendarme a également été entendu et devra comparaître pour violation du secret professionnel. (L'Est Républicain)

(Le Parisien)

(Le Parisien)

Après avoir été longtemps presque une terre boudée par les motards criminalisés, la France connaît depuis 3 ans un vrai regain d'attractivité.

Le gang d'origine allemande «United Tribuns» annonce l'ouverture d'un chapitre à Forbach, le 1er en France en décembre 2014. On va reparler de ce MC plus tard dans l'article.
En 2015, après une précédente implantation sur l'île de la Réunion, les hollandais du "Satudarah MC" ont créé un chapitre prospect "southcoast" basé à Sète.
En mars 2017, ils ouvrent un nouveau chapitre en France, à Paris. C’est surtout un défi lancé aux Hells Angels, implantés à Paris depuis 1981.
et en juin le club s'implante à Mayotte (
Crimorg.com ).
En novembre 2015, c'est le MC des «Black Pistons» qui arrive en France, au Havre.

Outlaws

En septembre 2010 le site officiel des Outlaws France annonce la création d’un nouveau chapitre prospect baptisé «South Brittany» (Sud Bretagne). Le club pourrait être implanté près de Nantes et serait donc en concurrence avec le chapitre prospect Hells Angels Bretagne.
A l'époque il s’agissait d’un retour aux origines pour les Outlaws français. En effet, le premier chapitre français et même européen avait été créé à Nantes en 1993. Le chapitre avait toutefois disparu, suite à la condamnation en 1998 de son Président «Marco» pour des agressions et à la grave blessure par balles de son Trésorier «Snoopy». Ce dernier avait en effet participé à la «guerre des motards» en Scandinavie (entre 1994 et 1997), aux côtés de ses «frères» Outlaws norvégiens. En janvier 1997, «Snoopy» avait été la cible de tirs du club pro-Hells Angels «The Untouchables», le clouant sur un fauteuil roulant. 
En juillet 2016, les Outlaws renforce leur présence en France en ouvrant 3 nouveaux chapitres. Après ceux du Havre Central, Pyrénées, et South West, ils viennent de créer les chapitres de Dieppe, East Coast et South Normandy. En décembre 2017 implantation du chapitre prospect «West Normandy» (Source
Crimorg.com).

Le club des «No Surrender» s’implante en septembre 2016 en créant un chapitre «France» qui sera rebaptisé «Parabellum» (des fans de Géant Vert sans doute). 
Novembre 2017, un deuxième chapitre arrive, «Millenium» rebaptisé Ambarres (du nom d'un peuple celte local), basé dans l’est de la France. Ce chapitre aurait été créé sur la base de l’ancien chapitre «Rock Machine» de Moselle (source: site internet des Outlaws). 
Octobre 2016 voit l'arrivée des «Gremium MC», créé à Mannheim (Allemagne) en 1972, vient d’implanter un chapitre prospect en France. Ce chapitre «Soissons» est la première section de l’organisation de bikers en France. Juillet 2018, le chapitre «Gremium – Soissons» (localisé à Berzy-le-Sec) vient de passer officiellement «full-patch». Le Président du chapitre français est d'ailleurs une figure de l’extrême-droite française depuis les eighties. (Street Press - 
Crimorg.com)

(Alamy)

(Alamy)

En mai 2015, les Bandidos français font passer 3 clubs support au rang de club hangaround (1er stade d'intégration au sein du club). Il s'agit des chapitres Black Block Avignon, Black Block MC Montpellier et la Boca del Lobo MC Manosque. Le club Black Block a été créé par un ancien leader des Red Warriors, un groupe de chasseurs de skins, actifs dans les années 80. D'abord baptisé «Black Block MC Antifa», le club aurait il retiré le mot Antifa pour se montrer moins politisé ? Comme quoi, les extrêmes se côtoient au sein des MC.
Et en mai 2017, les chapitres d’Avignon et de Manosque sont passés membres à part entière. 
Juillet 2017, ils organisent  leur «National Run» (rassemblement européen du club) près d’Arles. Plus de 2.000 bikers s'y sont retrouvés. Il s’agit du 5ème rassemblement de ce type en France après marseille en 2004, Avignon en 2006, Nice en 2008 et Dijon en 2010. 
Rebelote l'année d'après, toujours à Arles avec 1.500 bikers (de toute l’Europe, mais aussi de Thaïlande, de Singapour, de Malaisie, de Singapour, d’Australie ou du Kazakhstan).
En avril 2018, le chapitre Toulon des Bandidos devient full patch (source
Crimorg.comet site Bandidos).

Une lettre à Donald Trump

Les Hells eux bien implantés à Paris et dans des régions stratégiques (Bretagne et Savoie) ont tenté quelques parrainages (support) de MC, comme les White Troopers issus d'une fusion entre plusieurs clubs du sud-ouest. Le principe hiérarchique immuable des MC est que ce sont aux clubs supports d'aller au mastic et pas aux full patch.
En mars 2017, le chapitre «MC Alpes» des Hells Angels obtient son statut de full-patch. Dernièrement les Hells français se sont distingués par une lettre écrite à l'attention de Donald Trump pour lui demander la levée des sanctions contre leur club. Depuis 2011, les membres des Hells Angels sont interdits de séjour aux États-Unis car considérés comme membres d’une organisation criminelle. Les Hells Angels doivent se signaler lors de l’établissement des documents d’immigration et peuvent être poursuivis en cas «d’oubli» (Le Parisien). 

MAJ. Les Hells en 2020 ont annoncé que deux de leurs clubs supports (le Dark Ruten's MC MC Aveyron de Rodez et le DermoCrew MC de Carcassonne) avaient obtenus leurs statuts hangaround (le 1er stade d'intégration).

Mais à quoi doit on ces arrivées massives ?

La réponse doit se trouver un peu dans la répression accrue (dépeinte dans les épisodes précédents) dans les pays voisins. Cherchant un pays où le port de couleurs est encore possible (mais pour combien de temps?) et la sacro-sainte loi d'association 1901 protectrice des statuts des associations et par extension donc des clubs de motards.

(Pinterest)

(Pinterest)

Un des plus récents épisodes de violence concernant les motards s'est déroulé en 2018
Ce 11 mars, au salon de la moto de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), se croisent deux clubs de motards adverses : les Bandidos et les No Surrender. Une bagarre éclate entre les deux groupes, peut-être pour une affaire de regard et un manque de respect : les No Surrender ne seraient pas allés saluer le Président des Bandidos. Une quinzaine de membres des Bandidos et d’un club allié, les Bomber Raiders MC (de Saint-Dizier), passent à tabac quatre No Surrender, légèrement blessés. Mais «le pire», c’est qu’ils se sont fait voler leurs couleurs, objets sacrés chez les clubs de motards…
Craignant une escalade de la violence, le SRPJ de Nancy a été chargé de l’enquête et 10 bikers ont été arrêtés à Strasbourg, dans la Meuse, en Moselle et en Haute-Marne, avec l’aide des Brigade de Recherche et d’Intervention de Metz et Strasbourg et les antennes du RAID de Strasbourg et de Nancy. Lors de l’arrestation à Saint-Dizier d’un ancien patron de bar de 54 ans, membre des «Bomber Raiders MC», l’homme fait feu à plusieurs reprises avec un 357 magnum. En répliquant, les policiers l’ont touché à l’épaule : il a été hospitalisé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre. Les perquisitions ont permis de saisir 5 armes de poing, des munitions et des stupéfiants. Quatre autres hommes, un manutentionnaire, un tatoueur, un gérant de société et un ouvrier métallurgiste, ont été mis en examen pour «vol avec violence en réunion et détention d’armes». Trois étaient déjà connus pour des affaires de violence ou de stupéfiants. (L'Est Républicain)

Ce genre de confrontation reste rare, car il y a peu de zone comportant plusieurs MC (Normandie et Paris mis à part et peut être aussi la Savoie). La véritable évolution serait que ces motards commencent à s'immiscer vers d'autres sphères à l'instar de leurs collègues, crime financiers, fraudes, immersion dans le BTP. Pour le moment il semble que c'est pas leur priorité.

(Toronto Star)

(Toronto Star)

Au Canada, l'envie des Hells Angels de tout contrôler  a conduit à de nombreuses tensions à l'est comme à l'ouest du pays. A Vancouver, les Hells se sont associés dans les années 2000 à plusieurs gangs de rue pour créer le Wolfpack brotherhood mais après quelques années, l'entité a explosé et aujourd'hui c'est la foire d'empoigne dans toute la région.
A l'est, cette envie d'hégémonie notamment sur le trafic de drogue au Québec a poussé à la création d'un front uni contre eux avec en première ligne le MC des Rock Machine. 
Ce petit MC n'étant pas de taille à se battre contre les Hells, il a donc décidé de faire une chose inédite jusque là... Introniser une centaine de nouveaux membres «sans moto». Il s'agissait tous de petits criminels, de dealers, prêteurs sur gages, tout une nébuleuse de personnages qui craignant les Hells se sont unis pour les combattre sous les couleurs des Rock Machine. 
Pas le temps de s'acheter une moto (ni même l'envie sans doute) il a fallu passer outre une des règles essentielles des MC, «pour devenir biker il faut une moto», qui est pourtant la logique même. 
Cette alliance improbable ne va pourtant pas permettre aux Rock Machine de triompher.

MC sans motos

Et bien ce MC de bikers sans moto a créé un précédent qui a depuis fait quelques émules notamment avec les United Tribuns.
Fondé en 2004 dans le Bade-Wurtemberg par Almir «Boki» Culum, un ancien boxeur bosniaque de Bosnie, le gang des United Tribuns se compose en grande partie de personnes originaires des Balkans, notamment des videurs de boîtes de nuit et des amateurs de bodybuilding et de sports de combat. A la base gang de rue, i lest devenu MC, reprenant les codes vestimentaires (patchs vestes couleurs) et ausis hiérarchique (président, vice -président, sergent d'armes ect...)
Selon les services de renseignement allemands, le gang a connu une progression rapide et compterait désormais 1.700 membres dans des chapitres en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Bosnie et donc désormais en France. Très présent dans le secteur du proxénétisme, les United Tribuns sont considérés comme des rivaux des Hells Angels. (
Crimorg.com)

Les United Tribuns de Majorque (Majorca Daily Bulletin)

Les United Tribuns de Majorque (Majorca Daily Bulletin)

C'est en 2010 que ce MC singulier va commencer ses offensives sur les territoires des Hells en Allemagne.
En représailles fin novembre 2010, 7 membres du gang sont attaqués sur un parking de Pforzheim (à mi chemin entre Karlsruhe et Stuttgart) par 30 à 40 membres des Hells Angels. Ceux-ci étaient armés de couteaux, de machettes, de battes de base-ball et de spray au poivre. Des impacts de balles ont été relevés, ce qui laisse à penser qu’un des deux groupes avait des armes à feu. Trois personnes ont été blessées : un Hells Angels a reçu un coup à la tête, un autre a reçu un coup de machette et un membre des «United Tribuns» a été très grièvement blessé à coups de couteau à l’estomac. 27 personnes ont été arrêtées sur place ou au siège local des Hells Angels. 
Le 13 décembre, 900 policiers du Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et de Bavière ont mené une vaste opération contre les Hells Angels. 22 domiciles privés, 2 maisons closes, un restaurant et un club-house ont été perquisitionnés. 9 armes à feu et des armes blanches ont notamment été saisies. Les policiers ont agi suite à des informations sur des projets de meurtre contre les dirigeants des «United Tribuns». Deux Hells Angels (deux frères, dont l’un est le Vice-Président du chapitre Borderland à Pforzheim) et un support font l’objet d’un mandat d’arrêt pour tentative de meurtre (Rocker -
Crimorg.com- Bild). 

Confrontations avec les Hells Angels

Dès lors de multiples incidents vont opposer les United Tribuns avec les Bandidos et les Hells pour le contrôle des quartiers rouges ou de la sécurité des boites de nuit/restaurants à Düsseldorf et à Duisbourg principalement.
En Suisse comme en Allemagne, les United Tribuns vont entrer en conflit avec d'autres gangs comme en 2015 avec les Sondame à Zurich, fondé par un ex Hells et composé majoritairement de kurdes.
Et aussi avec les Black Jackets à Stuttgart et Heidenheim qui verra la mort d'un membre des United Tribuns dans une fusillade en avril 2016.
En juin de la même année, c'est un affrontement à Leipzig entre Hells Angels et United Tribuns qui va dégénéré. Des coups de feu auraient été tirés, blessant le Vice-Président des United Tribuns, un membre et un prospect, Veysel A., qui est finalement décédé à l'hôpital. 
En janvier 2015 on assiste même à l'apparition d'un nouveau club de bikers qui semble se développer en Allemagne. En quelques jours, plusieurs chapitres du «Brothers MC» sont apparus à Duisburg, Oberhausen, Bottrop, Essen et Gelsenkirchen. Le club comptait près de 80 membres, dont certains issus des Hells, des Bandidos et du gang des «United Tribuns» (Rocker -
Crimorg.com). 

On n'arrête pas le progrès. Les United Tribuns utilisent donc la double étiquette que peut apporter la notion de Motorcycle Club. Une vitrine légale, qui permet de montrer patte blanche aux autorités (même si on l'a vu certains pays ne sont plus dupes) mais aussi "d'acquérir" par cette dénomination l'aura criminelle des MC car ce sigle pèse lourd aujourd'hui dans la criminalité mondiale.

Les United Tribunes défilant en "civil" lors d'un mémorial pour l'un des leurs tués par les Hells à Leipzig (Alamy)

Les United Tribunes défilant en "civil" lors d'un mémorial pour l'un des leurs tués par les Hells à Leipzig (Alamy)

Pour finir ce dossier sur les bikers je vais vous parler du dernier phénomène biker qui nous vient de Hollande. Le Caloh Wagoh MC Main Triad.

Le 21 novembre 2018, la police néerlandaise, a mené une quarantaine de perquisitions contre le club de motards Caloh Wagoh MC Main Triad, dans les régions de La Haye, Rotterdam, Amsterdam et dans le centre et l’ouest du pays. Des stupéfiants, des armes à feu, des véhicules, des téléphones et des ordinateurs portables ont été saisis et 7 personnes ont été arrêtées, dont des dirigeants du club : le membre honoraire (mais présenté comme le véritable chef du gang) Greg Remmers, 70 ans, connu comme un des parrains de la pègre, et un autre homme, Delano R. surnommé «Keylow», âgé de 48 ans. Ce dernier a été membre du gang «Crips» (en fait Rollin 200 Main Triad Neighborhood Crips ou R200NHC) à La Haye avant de devenir un des membres fondateurs du Caloh Wagoh MC. (Crimesite - Panorama -  Crimorg.com) Le club Caloh Wagoh MC Main Triad a été créé en 2016 et compterait déjà 9 chapitres aux Pays-Bas et 2 à l’étranger. Il a été fondé par des membres (notamment antillais et surinamiens) du gang néerlandais des Crips (issu du gang de rue américain, d’où la présence de la couleur bleue sur les couleurs) et des membres du club de motards gitan Trailer Trash (d’où la présence de la roulotte traditionnelle et du drapeau rom : la roue et les couleurs bleue et verte). Les Trailer Trash qui ont été un temps inféodé aux Satudarah avant qu'ils ne prennent leur indépendance. 

La mocro maffia a besoin de gros bras

Le club serait notamment proche de la «Mocro-Maffia» et est impliqué dans des règlements de comptes en 2017 en Belgique et en 2018 aux Pays-Bas, de même que dans les attaques commises en 2018 contre les organes de presse «Panorama» et «De Telegraaf». Un des interpellés Richard Z. est le beau-frère de Lucas Boom, le bras droit du caïd Willem Holleeder. Boom a été abattu en juin 2015.
La mocro maffia a souvent fait appel à des tueurs à gages antillais, pas toujours avec succès mais dernièrement entre le démantèlement du réseau Koper 26, du Green Gang, et même du bras armé du trafiquant anglais Robert Dawes (dirigé par Emiel B., le fondateur des Trailer Trash tiens tiens), les tueurs à gages efficaces ne courent pas les rues. 
En janvier 2019, une opération d'infiltration de la police a permis l'interpellation d'un trafiquant d'armes à Nimègue. 2 policiers sous couverture se sont fait passer pour des trafiquants d'ecstasy basé en Espagne. Ce trafiquant avait des liens avec les Hells Angels et aussi un homme de 47 ans président du Maro Welto, la section Nimègue des Caloh Wagoh déjà arrêté en février 2018 pour du trafic d'armes. (Crimesite - 
Crimorg.com)

«Keylow» est né au Surinam au début des années 1970 et part ensuite s’installer aux Pays-Bas avec sa famille en 1973. Accusé d’une tentative de détournement d’un hélicoptère pour libérer un de ses amis, Keylow est condamné à 4 ans de prison en 1994. Il lit en prison des livres sur les Triades chinoises, qui collaborent alors aux Pays-Bas avec des gangs surinamiens. Il fonde ensuite avec ses amis le gang «Main Triad Crips» (MTC) à La Haye et se rend à Los Angeles où il se lie avec des membres de gangs du quartier South Central, notamment les «Neighborhood Crips» et les «Rollin 40s». A son retour aux Pays-Bas, il va créer le gang «Rollin 200 Main Triad Neighborhood Crips», puis le Caloh Wagoh MC Main Triad (Panorama - Crimorg.com). Jesse Remmers a été arrêté et a été interrogé (puis libéré) à propos du meurtre en juillet 2017 de Jaïr Wessels (impliqué dans des affaires de stupéfiants, d’escroquerie et de blanchiment). Deux autres membres du Caloh Wagoh MC restent détenus dans cette affaire.
Le Caloh Wagoh serait aussi derrière l'assassinat du frère de Nabil B., un trafiquant de la mocro maffia devenu informateur (Crimesite -
Crimorg.com).
On n'a pas fini d'en entendre parler de ce MC. 

A travers tous ces exemples loin d'être exhaustif on a pu voir toute la capacité d'évolution darwinesque des clubs de bikers qui sont devenus bien plus que des barbus en moto et trafiquants de méthamphétamine. 
Ils savent aussi porter la cravate et sortir des sentiers moultes fois battus par leur santiags. Ils savent s'adapter malgré certains codes rétrogrades attenant à leur règles ségrégationnistes. Ils arrivent à s'implanter partout et leur esprit de corps et leur discipline font encore d'eux des redoutables adversaires pour n'importe quelle organisation criminelle.

 

Sources : Bild, Rocker News ; Ouest France ; L'Est Républicain ; Le Parisien ; Sirasco ; Crimorg ; Panorama ; Crimesite

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