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Blog à part

Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Napoli : La Camorra dézingue aussi 2.

Publié par Desmoulins sur 16 Janvier 2013, 20:28pm

Catégories : #Camorra

La suite la voilà, l'année 2011 avait donc vu le début des hostilités entre deux camps à Scampia, l'année 2012 verra le début d'une véritable guerre ouverte dans Naples et ses alentours. Le plus puissant clan camorriste, "les Casalesi" lui, est clairement étranger à cette énième faide, ce clan doit de plus se dépatouiller contre les opérations policières qui se multiplient contre lui. Les Casalesi n'ont pas pied dans la grande ville et s'y entendent bien, leurs ambitions et leurs connections leur permettent de voir beaucoup plus loin que l’Île de Capri ou le Vésuve. A la base les Casalesi sont une fédération de clans de la région de Caserta qui lors de la grande guerre mafieuse napolitaine des années 70-80 s'était ralliée à la Nuova Famiglia en opposition à la Nuova Camorra Organizzata de Raffaele Cutolo.  Après l'arrestation de Cutolo débuts 80's et la guerre terminée, les Casalesi prendront leur indépendance et se déchireront entre eux avec des familles comme les Schiavone, Iovine, Zagaria et autre Bidognetti.

 

Au sein des Casalesi (dénommé ainsi car leur fief s'appelle Casal Di Principe) aussi les règlements de comptes ont été légion, notamment celui en 2003 de "Super" Mario Caterino pour lequel 8 personnes de la faction Schiavone ont été arrêtés le 9 mai 2011. Une autre guerre avait opposé les Tavoletta-Ucciero et les Bidognetti, entre 1997 et 2007. Aujourd'hui tous les leaders du clan sont en prison (Michele Zagaria, Sandokan Schiavone et son fils Nicola, Antonio Iovine, Francesco Bidognetti) ce qui a grandement affaiblit le clan et selon les policiers napolitains, aiguisé l'appétit des clans voisins. Le dernier ponte, un lieutenant de Zagaria, Massimo Di Caterino a été arrêté en ctobre dernier alors qu'il était en cavale depuis 2010 et il a été arrêté à...Caserta à 29 km de Casal Di Principe autant dire le bout du monde.

 

Les Casalesi sont les mafieux camorristes qui ont le plus de connections dans le Nord de l'Italie et dans le monde. Leur infiltration notamment dans l'économie italienne est phénoménale. Ces derniers mois on ne compte plus les conseils municipaux dans toute l'Italie qui ont été dissous car en "odeur de mafia" comme on dit en Italie (c'est à dire que ces conseillers ont bénéficié du soutien "électoraliste et clientéliste" de la mafia). Ce clan est connu pour être proche de Nicola Cosentino, député PDL (parti berlusconien) et ancien Sous-Secrétaire à l’Economie, né en 1959 à....Casal Di Principe. Il est accusé par plusieurs repentis d’être le référent politique du clan des Casalesi. En février et avril 2008, deux repentis le désignent comme le point de contact pour les marchés publics, et notamment pour le domaine des ordures. En tant qu’entrepreneur, Cosentino s’était longtemps vu refusé le «certificat anti-mafia», document administratif lui permettant d’accéder aux marchés publics. C’est finalement la préfète Elena Stasi qui le lui a accordé. Depuis, Elena Stasi est devenue députée du PDL, élue avec le soutien de… Cosentino. (source crimorg)

 

Une autre anecdote qui pourrait prouver la puissance de ce clan, le 16 mai 2012, un repenti camorriste Oreste Spagnuolo affirme que le cinéaste Matteo Garrone aurait reçu l’autorisation de la Camorra avant de réaliser le film «Gomorrah», sorti en 2008. Avant le tournage, il se serait rendu au domicile d’Alessandro Cirillo, un caïd du clan des Casalesi. Surnommé «Le Sergent», Cirillo était le bras-droit de Giuseppe Setola, considéré comme le « chef de guerre » des Casalesi. La rencontre s’est faite au domicile du mafieux qui était alors aux arrêts domiciliaires. Garrone ne nie pas cette rencontre mais affirme avoir ignoré l’identité de Cirillo. Le repenti Spagnuolo précise aussi que Garrone aurait payé 20.000 euros pour faire «Gomorrah», tout comme il aurait payé 8.000 euros en 2002 pour tourner le film «L’Imbalsamatore». Le cinéaste lui nie tout paiement.

 

Revenons à nos affaires la longue litanie des assassinats peut débuter.

 

Le 05/01/12,  le premier meurtre de l'année a eu lieu Giugliano, Rosario Tripicchio, 31 ans a été tué dans une embuscade dans la Via San Vito, près de son domicile. Déjà connu de la police, Tripicchio aurait été pris en chasse et a été abattu alors qu’il tentait de trouver refuge dans une pizzeria. Originaire de Scampia, Tripicchio avait déménagé il y a peu de temps à Giugliano.

 

Le 09/01/12, un assassinat à eu lieu peu avant 18h à San Giorgio a Cremano (Naples). Mario Leone, 54 ans, a été tué par une dizaine de coups de coups de feu qui ont atteint différentes parties du corps. L'embuscade a eu lieu près de la gare locale et a été effectuée par deux personnes qui sont venues en vélo avec leurs visages couverts de casques. Leone est décédé avant l'arrivée à l'hôpital. L'homme de 54 ans a été soumis à une surveillance spéciale depuis juillet 2011 et il était semble-t-il recherché par les tueurs affiliés au clan Abate, clan référent à San Giorgio a Cremano. Le même jour, Raffaele Stanchi, 39 ans et Luigi Monto ont été abattus. Stanchi était un ancien loyaliste des Di Lauro, passé du côté des Amato-Pagano après le déclenchement de la guerre en 2005. Monto était son chauffeur.

 

Le 12/01/12, un autre assassinat dans la zone nord de Naples à Melito, Patrizio Serrao, 54 ans, déjà connu de la police y est retrouvé mort. L'homme était au volant quand il a été touché par une volée de coups de feu. Le calibre qui a refroidi Serrao selon les premières constatations est le même que celle qui a été utilisé pour l'assassinat de Rosario Tripicchio i y a quelques jours à Giugliano.

On le disait pas en odeur de sainteté avec les Di Lauro la police a vu dans ce meurtre les volontés hégémonistes des Di Lauro pour récupérer une partie du territoire perdu, notamment les places de la drogue dans Scampia. Mais selon La Repubblica de Naples, il n'est pas exclu qu'il s'agit d'un affrontement - à ce jour est resté plus ou moins dissimulé - interne. La nouvelle génération contre l'ancien patron.

 

Le 16/01/12 un nouvel assassinat lié à la Camorra. La victime, Fortunato Scognamiglio avait 28 ans, il a été tué cet après-midi lors d'une embuscade qui a eu lieu à Melito, ville située au nord de Naples. Melito où 1 semaine plus tôt deux corps ont été retrouvés dans une voiture en flamme. Les deux hommes étaient Luigi Mondò et Raffaele Stanchi. Stanchi aka "Lello Bastone" était un membre éminent du clan Amato - Pagano, il avait 39 ans, son compère 51. Stanchi était aussi quelqu'un de bien introduit dans le milieu du divertissement et aurait été un proche de Matteo Garrone, le réalisateur du film Gomorrah. La encore aussi un doute subsiste sur le mobile, la police entrevoit aussi la possibilité que le meurtre des deux hommes ait été commandité par Mario Riccio gendre de Cesaro Pagano et chef de file du clan de Mugnano. Un jeune aux dents longues qui veut se tailler la part du lion à Scampia.

 

Le 24 janvier 2012, la police napolitaine annonce qu'elle a arrêté Salvatore Petriccione dit "Totore ou Marenaro" à Rome alors qu'il était en liberté surveillée, cet homme serait un leader des Girati. Salvatore Frate a été arrêté avec lui, 36 ans, bien connu des services, il a été accusé du meurtre de Lucio De Lucia, père de Ugo De Lucia qui avait été tué après avoir rompu avec les Di Lauro lors de la dernière faide, il a été relâché faute de preuves. Un troisième homme a été arrêté, Gaetano Cursale. 

Sur Cronache Di Napoli, le journaliste Luigi Sabino cite un enquêteur  "Nous avons des raisons de croire que le Di Lauro ont signé des accords avec l'association qui opère dans la zone appelée Vanella Grassi». Un groupe considéré en expansion et qui aurait rongé de nouvelles zones d'influence vers la zone du district et Perrone et Berlingieri. Pour les enquêteurs les Girati Vanella Grassi sont composés des familles de Scampia (Abete, Abbinante, Marino, Notturno) sauf que d'autres sources disent que ce ne sont pas des Girati mais un autre cartel en guerre justement avec les Girati. (on n'y comprends plus rien). Quoi qu'il en soit les premiers cités ont décidé de couper les liens avec ce qui reste des clans Amato-Pagano dirigé par le jeune Mariano Riccio (depuis les arrestations de Cesare Pagano et Raffaele Amato), et le clan Di Lauro sous le commandement du fugitif Marco Di Lauro pourrait en tirer avantages. Le superclan (les sécessionnistes de 2004) qui les a vaincus, en fait, n'existe plus, il a implosé en plusieurs factions. Et l'association des Vanella Grassi, militairement fort et bien organisé, selon les enquêteurs pourrait faire pencher la balance en leur faveur.

 

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis

 

Les premières arrestations commencent mais concernant des meurtres vieux de presque 10 ans, deux assassinats notamment à Montanino et Salerno en 2004. Ce 21/03/12 une vingtaine de personnes ont donc été arrêtées mais comble du hasard (ou pas) parmi eux il y avait aussi certains instigateurs des derniers assassinats. Des têtes connus déjà pour la dernière faide de Scampia en 2004. Ces arrestations ont surtout touchés les clans anciennement ennemis des Di Lauro et des Amato Pagano.

 

Le 25 avril, un autre assassinat à Naples, dans la région des Plaines. Antonio Taglialatela, 34, résident de Giugliano, a été tué via Girolamo Cardano. Les balles l'ont atteint la poitrine et la tête de Taglialatela, il est mort sur le coup.

Le 10 mai, une embuscade fatale à eu lieu à Mugnano. Biancolella Biagio, 32, a été abattu par balle alors qu'il marchait avec un autre homme âgé de 47 ans qui a été blessé. La victime a été exécuté par deux tueurs. Selon les enquêteurs Biancolella, marié et père, était proche du clan des sécessionistes (difficile à comprendre si la police parle des anciens sécessionnistes de 2004 ou des nouveaux de 2011). 

Le 21 mai, c'est un homme avec un casier judiciaire bien chargé qui est abattu à Forcella. Giovanni Saggese, âgé de 32 ans, a été tué par deux hommes en scooter (un classique) alors qu’il marchait via Calenda Piazza. 9 douilles ont été retrouvées: 8 calibre 9 et 1 calibre 7,65. Peu de temps avant il y avait eu une autre embuscade sur un Sant’Agostino: un homme de 28 ans, Salvatore Del Prete , déjà connu de la police, a été blessé à la tête par plusieurs balles. L'homme proche des Girati a survécu à l'attaque.

Le 31 mai, c'est encore à Giugliano qu'à eu lieu l'assassinat. Giuliano D'Alterio, 47 ans, a été tué avec huit coups de feu, cinq dans l'abdomen et trois dans la tête. L'homme a été retrouvé mort près de sa voiture, sur le terrain ont été recueillies dix balles de calibre 9x21. D'Alterio travaillait dans une entreprise engagée dans la collecte des déchets dans la municipalité de Giugliano.

 

Mais c'est quoi Via Vanella Grassi?

 

La zone de Vanella Grassi n'a pas la notoriété du supermarché de la drogue de Scampia, mais les enquêteurs et les journalistes napolitains parlent de ce coin  comme d'une plaque tournante importante pour l'équilibre entre les clans de la galaxie "dilauriana" et sécessionnistes. Revenons en arrière, ce coin de Naples a connu aussi une sécession en 2007. Clans Magnetti et Petriccione d'un côté et Di Lauro de l'autre, jusque-là les Magnetti-Petriccione étaient restés avec le clan de Via Cupa Dell'Arco concernant la drogue, mais ils sont ensuite passé du côté des espagnols des Amato-Pagano (qui sont connus pour leur réseau de drogue transitant par l'Espagne en abondance). Pour cette raison, ils se sont appelés les "Girati" (les tournés ou retournés), ce sont les sécessionnistes de la deuxième heure, ceux qui ont abandonné le clan déjà battu avant la guerre.

 

Les rues de Naples insalubres



Le retraitement des déchets, voilà bien une activité à laquelle les mafieux camorristes sont passés maîtres. Tout le monde a en tête les images des rues de Naples où des milliers de tonnes d'ordures s'entassaient notamment dans les quartiers les plus pauvres de la ville (Rione Sanita, Barra...)

La Camorra est spécialisée dans le ramassage des ordures et dans le traitement illégal des déchets (tout le monde a vu Gomorra hein je rentre pas dans les détails). Une partie des revenus de « l'Ecomafia » repose sur les millions que lui donne l'administration pour faire enlever les ordures. Si cet argent n'arrive pas alors le syndicat des éboueurs locaux font grève ( avec l'aide des camorristes pour les plus réticents) Or, les entreprises de la Camorra enterrent les déchets en pleine nature dans l'arrière-pays napolitain (ce qui contamine l'herbe et le lait de buffle donc scandale en Europe concernant la vente de Mozzarella venant de Campanie).

 

Cette écomafia touche aussi le secteur des fabricants d'éoliennes, certaines entreprises, dans le nord de l'Italie, en "odeur de mafia" ont été dissoutes et les proprios (parfois hommes de paille) mis en examen pour association mafieuse. Tout ça grâce bien souvent aux appuis de ces clans dans le monde politique notamment au sein du parti de Berlusconi, le PDL. Encore en 2011, après 4 ans d’enquête (en coopération avec la Guardia Civil), la police a effectué 40 interpellations au sein du clan Polverino de la Camorra. Basé dans le nord de la ville, le clan était accusé d’importer des stupéfiants depuis l’Espagne. En plus du trafic de drogue, les personnes arrêtées ont été accusées d’association mafieuse, tentative d’homicide, extorsion, usure, détention d’armes et blanchiment. Parmi les personnes interpellées figuraient deux candidats PDL aux prochaines élections municipales du quartier de Quarto : Salvatore Camerlingo (cousin du boss Salvatore Licciardi) et Armando Chiaro.

 

L’infiltration de l’économie légale se fait également via les prêts usuraires pour les petites entreprises en difficulté. Un entrepreneur de Saint-Marin en avait fait les frais : ayant des difficultés à rembourser, il a été menacé de mort, lui et sa famille. Un homme de paille des Casalesi a également implanté en Emilie-Romagne une succursale de la société « Ises », spécialisée dans la récupération des crédits. Pour faire peur à un débiteur, il évoque les 300 affiliés installés sur la côte adriatique… Autre preuve d’infiltration : une enquête anti-mafia a mis en cause la société « Ecocampania ». Titulaire d’un certificat anti-mafia (attribué par les préfectures), cette société a légitimement gagné l’appel d’offre pour la création d’un centre de retraitement des ordures à Riva del Garda (sur le Lac de Garde). « Ecocampania » est dirigée par les frères Ferraro, liés à Nicola Schiavone, fils du boss des Casalesi Francesco « Sandokan » Schiavone. (crimorg) Et les exemples s'accumulent sur cet entrisme mafieux dans la société civile, économique et politique italienne. Cependant depuis 2011 les opérations de police se succèdent pour endiguer tout ça et ces opérations au demeurant très efficace montre à revers justement que ces mafias bénéficient d'une plèbe très facilement renouvelable. A suivre.....

 

 

Sources : Il Mattino, Voce di Napoli, Crimorg

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