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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Han-gure, les demi-voyous japonais

Publié par Desmoulins sur 9 Janvier 2020, 18:44pm

Catégories : #Yakuza, #Japon, #crime organisé, #Actualités, #Biker

La déliquescence des yakuza enthousiasme les médias internationaux, incapables de produire une vraie analyse de la situation du crime organisé au Japon. 
Pourtant une baisse du nombre d'adhérents/affiliés (oui on adhère à un clan en payant) au sein des fédérations yakuza ne signifie pas une baisse de l'activité criminelle, bien au contraire.
La police japonaise observe un phénomène, les Han-Gure comme étant une nouvelle forme de criminalité antichambre des yakuza (comme le sont déjà les bosozoku), un nouvel avatar qui est au crime organisé ce que le casualisme est au hooliganisme. Une recherche de discrétion.
Ces bandes de criminels existent déjà depuis un certain temps et ils passent sous le radar des grands médias. En décembre 2012 Japan Times leur consacre un article avec l'interview de l'inventeur du terme «Han-Gure», le journaliste d'investigation spécialisé dans le crime organisé, Atsushi Mizoguchi. Ce terme «Han-gure shūdan» vient de son livre «Yakuza Hokai» (la chute du yakuza) publié en 2011.

Atsushi Mizoguchi (gandai itsmedia.jp)

Atsushi Mizoguchi (gandai itsmedia.jp)

Le han signifie «moitié», le gure dérive de gureru, il s'agit d'un type d’argot inversé ayant des racines dans l’ère pré-moderne, créé en inversant l’ordre des syllabes du mot hamaguri (palourde) en guri – hama. Le verbe gureru a ensuite été extrait, pour signifier une inadaptation lorsque les moitiés supérieure et inférieure des coquilles d'un mollusque ne correspondent pas et ne se ferment donc pas de manière uniforme. Un peu alambiqué.
Par extension, gureru signifie «s'éloigner du bon chemin», sans que les choses ne se passent comme prévu. Il a également engendré le terme quelque peu archaïque gurentai (hooligan), jadis affiché avec le même genre de bravade négative que «yakuza», dérivé des chiffres 8, 9 et 3, qui signifiait une main perdante au jeu de cartes.
«Ils sont apparus pour la première fois vers 2009-2010», explique Mizoguchi.
Jusqu'à récemment, le récit de leurs «exploits» se limitaient principalement à des publications de sous-culture, dans des genres tels que les manga et romans furyō (délinquants) et même des films de série Z, et à des magazines mensuels tels que Jitsuwa Knuckles et Bubka. Ce n’est que lorsque leurs activités ont commencé à empiéter sur les quartiers huppés de la capitale que les autres médias ont commencé à en prendre conscience. 
En janvier 2010, au milieu du tournoi du Grand Sumo de janvier, le Yokozuna mongol Asashoryu a été impliqué dans une altercation alors qu'il était ivre à Nishi-Azabu. Asashoryu a échappé aux accusations de voies de fait, mais aurait filé un gros chèque à sa victime, un responsable de discothèque lié aux Han-gure. Le 4 février 2010, alors qu'il était au sommet de sa carrière dans le sumo, il a annoncé sa retraite. Comme un grand effort semble avoir été fait pour garder les détails privés, les gens n'ont commencé à relier les points qu'en novembre de la même année, quand l'acteur de Kabuki, âgé de 32 ans, Ichikawa Ebizo, a été grièvement blessé au visage, notamment d'une fracture de la pommette, dans une altercation nocturne - également à Nishi-Azabu.

Une lâche agression

Cette fois, le lien avec les anciens gangs de motards était indéniable. L'assaillant de Ebizo, un ancien membre du Kanto Rengo, un gang bosozoku, a été condamné à 16 mois pour avoir agressé l'acteur.
L’incident le plus choquant imputé au Han-gure s’est produit le 2 septembre dernier à 03h40 du matin. Environ 10 individus masqués, armés de ce qui semblait être des tuyaux en métal, sont entrés par la sortie de secours du «Flower», un lieu nocturne de Roppongi. Sous les yeux de dizaines de témoins, ils ont attaqué Ryosuke Fujimoto, l'exploitant d'un restaurant de barbecue à Shibuya, âgé de 31 ans, et se sont rapidement enfuis dans deux camionnettes qui attendaient à l'extérieur (tout en se faisant filmer par des caméras de sécurité).
Fujimoto, qui a été déclaré mort des suites de ses blessures à la tête, n'avait aucun lien connu avec des groupes criminels et plusieurs médias ont annoncé qu'il aurait été pris pour cible par erreur. Des caméras de sécurité dans la rue ont capturé le visage de plusieurs des assaillants et un numéro d'identification de permis de conduire, mais aucune arrestation n'a été effectuée. Selon le journal Shukan Taishu, certains étaient membres du Kanto Rengo, un groupe maintenant disparu et d'autres d'un autre groupe, les Dragon (écrit en kanji phonétiquement traduit par «Doragon»), majoritairement composé de chinois de 2ème ou 3ème génération. 15 hommes seront arrêtés dont Taichi Ishimoto ex chef de bande du Kanto Rengo âgé de 31 ans.

Han-gure, les demi-voyous japonais

Certains Han-gure eux sont impliqués dans l'exploitation d'entreprises légales, telles que des courtiers immobiliers, des entreprises de construction, des discothèques, des restaurants, des salons de massage et la production de vidéos pour adultes. Des vrais cols blancs et non des petits malfrats. Les personnes qui composent les rangs de ces groupes comprennent des personnes en liberté conditionnelle, des diplômés universitaires qui gravitent autour du crime, des personnes expérimentées travaillant pour des entreprises «occultes», telles que des systèmes pyramidaux illégaux, des ex-détenus après leur sortie de prison, des personnes en rupture et d'autre bien intégrés à la société, voilà la force de la mixité sociale, économique mais aussi ethnique de ces groupes. A la base de simples bandes de petits malfrats en rupture de banc, ces Han-gure se sont constitués d'un maillage complexe et plus difficilement identifiable que n'importe quel autre organisation avant eux. 
Le panel est large selon le journaliste mais surtout on y trouve des profils idoines pour ces activités d'entrisme économique que menaient les yakuzas jusqu'au milieu des années 90. Ce qui leur est compliqué à présent. 
D'autre part, la répression policière sur le yakuza a sans doute créée également un vide de pouvoir qui profite aux Han-gure.
Il va sans dire que les méthodes et les statuts actuels de la police visant les syndicats du crime organisé seront probablement beaucoup moins efficaces contre les Han-gure, dont la structure discrète et le mode opérationnel très mouvant les rend difficiles à identifier.
«Contrairement aux boryokudan (gangsters), les Han-gure peuvent être caractérisé par les liens horizontaux entre ses membres» a déclaré le journaliste Mizoguchi. C'est à dire que le système hiérarchique est beaucoup moins formel que chez les yakuza, plus intermittent, plus souple ce qui est une force tout comme un défaut cela dit.
Néanmoins, il prédit: «Au cours des dix prochaines années environ, je pense qu'il deviendra le principal groupe criminel au Japon». 
L'ami Mizoguchi a été assez visionnaire sur le coup. Sans être la force principale, ces criminels ont pris une importance plus forte encore avec la guerre au sein du Yamaguchi-gumi, qui a grandement fini d'affaiblir la plus grande fédération yakuza du pays. Les Han-gure sont des touche-à-tout impénitents. Jeux, fraudes, braquages, contrefaçon, drogues, leurs réseaux se tissent au même moment où ceux des yakuzas s'effritent.

Images du documentaire de la NHK sur les Han-gure (septembre 2019)Images du documentaire de la NHK sur les Han-gure (septembre 2019)

Images du documentaire de la NHK sur les Han-gure (septembre 2019)

Comme je l'ai expliqué dans mes articles précédents sur les yakuza, la répression contre eux est très très forte. 
Le but de ce propos n'est pas de les plaindre évidemment mais de comprendre ce que cette répression a engendré comme mutation au sein de la criminalité au Japon. Les autorités depuis le début des années 90, après l'explosion d'une bulle immobilière d'une incroyable résonance dans la société nippone, a pris des mesures visant à même  interdire l'intégration économique des yakuza dans la société civile (impossibilité d'ouvrir un compte en banque, de louer une maison/voiture, de toucher des aides, ect...) avec à chaque fois la corvée administrative comme rempart aux criminels. Pour effectuer la moindre «interaction économique» il faut remplir un papier stipulant la non appartenance à un "groupe anti-social" (Boryokudan) mais gare aux yakuza qui veut joueur au malin car les peines sont très sévères en cas de découverte du pot-aux-roses.
Cette pression économique doublée de la répression sur tous les faits délictueux évidemment (la guerre au sein du Yamaguchi-gumi a fait des dégâts) ont fait que depuis 10 ans le nombre de yakuza baisse au Japon. De manière même drastique avec une perte d'effectifs de moitié. Ce compte tenu par la police japonaise serait d'à peine 40 000 yakuzas à l'heure actuelle. La vie d'un yakuza de base était déjà très compliqué économiquement (les patrons/dirigeants c'est encore autre chose) ces mesures ont fait que bon nombre d'entre eux ne renouvellent pas leur adhésion à leur clan car ça leur coûte bien trop cher (ils faut en plus faire des cadeaux régulièrement, pour le Kumicho, le grand patron). Cela ne veut pas dire qu'en quittant la mafia ils deviennent des honnêtes gens. La plupart vont continuer les activités délictueuses mais sans le contrôle d'un boss tout en restant souvent dans le giron du clan et son influence mais sans en payer "le prix". 
A l'ostracisme économique empêchant leur entrisme dans l'économie légale et notamment grâce à la dernière loi d'octobre 2011 interdisant les yakuza de faire des affaires avec les citoyens «normaux»,  on observe aussi un «ostracisme» territorial depuis plusieurs années. 
Avec l'apparition de plus en plus de collectifs de voisins ou d'associations de parents qui n'ont plus peur dorénavant de demander aux autorités de virer les yakuza de leur voisinage ou d'empêcher leur implantation. Ça fait des pétitions, ça fait promulguer des lois et maintenant il est interdit d'installer un "bureau yakuza" à moins de 300m d'une école par exemple. Ca peut paraitre aberrant pour nous et évident mais les Yakuza vivait bien au milieu de la société japonaise. C'est une preuve de plus que le corps social après celui économique rejette aussi les yakuza dorénavant et ça c'est une grande nouveauté.
Ce qui paraît fou c'est que ça n'avait jamais été envisagé avant, preuve que les yakuza faisait encore partie de la société, de ce corps social impersonnel dans une forme d'expression ultime du Ying et du Yang. Ce n'est clairement plus le cas aujourd'hui tout du moins à Tokyo. La pression sociale qui est pour le coup bien plus inédite et inattendue bouscule les habitudes d'antan des mafieux japonais habitués à avoir pignon sur rue et une certaine respectabilité.

Image sortie du documentaire de la NHK (septembre 2019)

Image sortie du documentaire de la NHK (septembre 2019)

Forcément tous ces faits ne poussent pas la vocation et les jeunes yakuza  aujourd'hui tentent de s'exporter (ils le font déjà) quitte à s'exposer à des sanctions de la part de leurs clans car bourlinguer à l'étranger est encore mal vu par la vieille génération yakuza.
Les Yakuza selon une étude sont à 80% composé de Burakumin, une caste socialement ostracisé par le reste de la société japonaise et ancré principalement dans deux villes, Kobe et Osaka, les deux villes-mères de la mafia japonaise. Cet ostracisme économique, social et culturel de cet caste composé de "métiers impurs" liés à la mort de l'animal) est sans doute le terreau fertile de la surreprésentation des Burakumin au sein des Yakuza qui pourtant se réfère toujours aux Samouraïs, se voulant être leurs descendants les plus dignes et les plus protectionnistes sur l'identité japonaise. Paradoxal. 

Les Yakuza pourraient disparaître dans une dizaine d'années (à la vu de la pyramide des âges ressemblant à celle du pays avec les plus de 50 ans majoritaire à quasi 75%) toutefois je pense pour ma part qu'ils s'adapteront et même s'il n'en reste que 2000 dans 15 ans, ils auront encore un poids dans la criminalité organisé. 
Qui plus est ils ont déjà commencé à intégrer des non japonais aux clans pour pallier à leur décroissance, des jeunes appartenant à des gangs de bosozoku qui sont aujourd'hui en grande partie composé de chinois ou de coréens Zainichi (ethnie de Corée du Nord). La troisième fédération de yakuza japonaise, le Sumyoshi-kai est composé presque à moitié de coréens Zainichi. La nouvelle génération collaborera avec des organisations étrangères, commencent à s'intéresser au trafic d'or, aux braquages  et ils sont proches des Han-gure car ils sont de la même génération.
Ne soyons pas dupes, les yakuzas s'adapteront.

Et cette adaptation passe par une révolution et même un nouveau nom.

L'apparition de ces criminels «entre deux» est le reflet de l'évolution du crime organisé local. Sans l'étiquette yakuza sur le dos, les criminels passent sous les radars des autorités et surtout des mesures et peines infligées exclusivement aux yakuzas. Il n'ont pas à mentir sur leur statut comme doivent le faire les yakuza pour pouvoir faire du business. nombre de dirigeants yakuzas ont connu la prison à cause de ces faits. 1 location de voiture, utilisation d'un homme de paille pour acheter une maison et le couperet tombait. Ces nouveaux criminels peuvent jouer la discrétion et se fondre dans la masse ce que les yakuzas ne peuvent plus faire. Et on voit beaucoup d'ex yakuza/bosozoku intégrés ces organisations justement. Et en plus pas besoin de filer du pognon pour adhérer. Les Han-gure c'est l'avenir. 
En décembre 2018, c'est la 1ère grosse affaire lié aux activités des Han-gure. Le démantèlement du plus gros groupe de «demi voyou» jamais observé et qui avait mis en coupe réglée en 2 ans une bonne partie du milieu interlope d'Osaka. 
Depuis 2017, plusieurs dizaines d'individus exploitaient et rançonnaient un certain nombre de bars de la ville et sont accusés d'agressions et d'extorsion. En outre, la police préfectorale d’Osaka soupçonne l’organisation, connue sous le nom de «Abyss Group», de financer le crime organisé. 
La menace est réelle et la NHK s'est donc fendue d'un documentaire très intéressant sur ce nouveau phénomène en septembre dernier. 

Abyss Group (Sai001)Abyss Group (Sai001)

Abyss Group (Sai001)

Tout remonte au 15 août 2018.
Ce soir-là Sora Iwao, 19 ans et Naoto Noguchi, 20 ans, figuraient parmi la vingtaine de personnes qui avaient brandi de battes de métal et de gaz lacrymogènes lors d'une attaque contre trois employés d'un bar rival lors d'une confrontation sur une route du quartier de Chuo.
Une des victimes a eu des fractures et une hémorragie provoquant une ITT de 3 mois.
L'Abyss Group, selon la police, aurait compté environ 120 membres et se serait formé il y a 3 ans environ.
Les membres de l'organisation étaient d'anciens membres de gangs de motos bosozoku ou de rabatteurs pour l'industrie du fuzoku (prostitution). Iwao était le chef de l'organisation, tandis que Noguchi était le commandant en second. Es chefs de 19 et 20 ans.
Iwao, qui a été accusé d’avoir infligé des blessures dans l’affaire d’agression, nie les allégations. "Je ne connais pas l'Abyss Group", a déclaré le suspect à la police. Pendant ce temps, Noguchi a affirmé qu'il suivait les ordres d'Iwao. «Je n'avais pas d'autre choix que de le faire».
Le groupe gérait 17 établissements dits «de filles», mais proposant des services presque équivalents à ceux d'un club de divertissement pour adultes.
Depuis septembre de l'année dernière, la police a reçu 120 rapports d'incidents impliquant le gonflement de factures dans des bars du quartier Minami par ce même gang. Une arnaque basique consistant comme son nom l'indique à faire payer plus les clients éméchés qui ne se rendent pas toujours compte de leur consommation.
Au cours de l'enquête sur ces incidents, Noguchi a admis sa participation à l'affaire d'agression. 
La police a accusé 18 membres du groupe dans 34 affaires de gonflement de factures.
Dans un cas, deux membres ont même tenté d'utiliser la carte de crédit d'un client pour acheter un collier. En exécutant le crime, le couple a déclaré à la victime qu'il «ne payait pas la facture assez vite». Dans un autre cas, en juin 2018, ils ont confiné et agressé un client en exigeant le paiement d'une facture de 650 000 yens.
La police a interpellé un total de 55 membres du Abyss Group, âgés de 15 à 32 ans. Pendant leur fonctionnement, les bars de l’organisation ont généré des revenus d’environ 50 millions de yens.
L'Agence de la police nationale considère le présent groupe comme «quasi-yakuza», une désignation qui s'applique également aux groupes de bosozoku. La police a commencé à utiliser cette désignation en 2013 pour mieux refléter les activités de ces groupes.
Lors de l'interrogatoire d'anciens membres du Abyss Group, ils ont déclaré qu'Iwao envoyait entre 300 000 et 500 000 yens par mois au groupe du crime organisé du Ninkyo Yamaguchi-gumi (le tout dernier clan issu d'une historie tumultueuse scission au sein des sécessionnistes du Yamaguchi-gumi, allez lire mes articles sur le sujet). 
Cette pratique est celle appliquée chez les yakuza où de tels mouvement de fonds sont appelés jonokin (ou littéralement «argent transféré vers le haut»).
Le 23 janvier 2019 Naori Noguchi est condamné à 2 ans et 6 mois de prison. 
Une semaine plus tard,  Hidehide Kanno (23 ans), Makoto Murakawa (20 ans) et Yuki Inoue (20 ans) sont inculpés et condamnés à 2 ans et 6 mois en avril.
A la suite de la chute de l'Abyss Group, un autre a fait surface, «Tepodon», 2 de ses dirigeants Yusuke Yoshimitsu et Yusuke Tsujiike, tous deux 32 ans, ont été arrêtés en octobre dernier à Osaka pour intimidation et agression sur une jeune femme mineure. Un des deux était déjà connu pour extorsion.

Si la forme des organisations criminelles évolue, les mœurs dissolues et la violence en son sein, elles, restent immuables. 

 

 

Sources : Japan Times, Tokyo Reporter, NHK. Pour ceux qui le souhaitent un anglophone a fait un compte rendu du documentaire de la NHK sur ce lien https://medium.com/@andrianekaputra3/what-i-learned-from-nhk-wolrd-documentary-han-gure-an-emerging-threat-to-society-5965a0530b96

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